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VAUD

Racisme dans la santé en lumière

A Lausanne, la 18e édition de la Semaine d’actions contre le racisme traitera des discriminations dans le domaine médical.

JEUDI 14 MARS 2024 GRÉGOIRE MOTTET

 

 

En partenariat avec Unisanté

Pour Bashkim Iseni, délégué à l’intégration et chef du BLI, cette semaine a pour but «de sensibiliser et d’informer au sujet des discriminations raciales qui sont des entraves à l’égalité et à l’intégration». C’est suite à une consultation populaire, ainsi qu’une journée de réflexion avec les associations co-organisatrices que sont Appartenances ou Opre Rrom, que le thème de la santé a été choisi pour cette 18e édition de la SACR. Le département Vulnérabilités et médecine sociale d’Unisanté est, cette année, aussi partenaire du programme.

 

Patient·es et soignant·es

Des capsules publiées sur le site de la Semaine d’actions témoignent de la persistance de propos et d’actes racistes dans le domaine de la santé. Exemple: une femme raconte qu’un soignant multipliait les questions sur le niveau langue de sa mère – qu’elle accompagnait pour assurer la traduction – plutôt que de s’occuper de la soigner. Dans la même veine, un médecin décrit le refus d’un patient d’être ausculté par lui, en raison de sa couleur de peau noire.

 

Le colloque d’ouverture, dès 18 heures lundi à l’Hôtel de Ville, discutera des pistes pour agir face à ce racisme dans la santé qui touche autant le corps médical que la patientèle. Parmi les intervenant·es prévu·es, le Dr Jean-Baptiste Ngassop est chef de clinique adjoint dans le secteur soins aux migrants à Unisanté. D’origine camerounaise, il partagera son expérience en tant que membre du corps soignant.

 

Selon lui, si les actes de racisme direct, comme des attaques verbales, se font de plus en plus rares, il s’agit d’attirer l’attention sur le racisme «indirect». Il entend par cela «les stéréotypes qui influencent la prise en charge des patient·es racisé·es». «Le syndrome méditerranéen consiste par exemple à traiter les patient·es racisé·es comme des gens qui ‘exagèrent’. Cela mène à un risque de traitement insuffisant de la douleur», explique-t-il.

 

Cette table-ronde sera par ailleurs l’occasion de «rappeler aux gens qu’il y a des lois et des institutions auxquelles l’on peut s’adresser». Le Dr Jean-Baptiste Ngassop ajoute que «les espaces qui permettent de se savoir écouté, comme cette semaine, sont une avancée énorme et un soulagement». Ce travail de sensibilisation doit être fait «de manière perpétuelle», résume-t-il.

 

Impacts psychiques également

A noter également que jeudi soir, une autre table ronde traitera de l’impact du racisme sur la santé mentale des personnes subissant cette stigmatisation. Organisée par Appartenances, elle accueillera notamment Migjen Kajtazi, responsable des consultations pour les victimes de discrimination au Bureau cantonal d’intégration et de la prévention du racisme (BCI). A travers son travail d’accompagnement, Migjen Kajtazi fait état des effets délétères des propos et actes racistes.

 

«On peut constater de la peur, des pertes de mémoire, des troubles du sommeil, de l’hypervigilance, un état d’alerte permanent, des perte de poids et de vitalité», explique-t-il. Les cas causant ces troubles sont divers et peuvent se dérouler dans tous les domaines. «Au travail, à l’école, avec le voisinage, auprès des institutions communales et cantonales, mais aussi dans l’espace public et les transports en commun, parfois même lors de la relation avec les client·es», énumère-t-il.

Racisme et micro-agressions

Felicia Dutray, responsable de la Consultation psychothérapeutique pour migrant·es (CPM) d’Appartenances, assurera la modération. Selon elle, «le racisme n’est pas un problème médical mais ses conséquences ont un effet sur le psychisme de la personne». En tant que psychiatre et psychothérapeute auprès de personnes migrantes, elle constate l’impact du racisme dans ses diverses formes sur les patient·es.

Ce qu’on appelle les «micro-agressions», par exemple – qui consistent en des actes ou propos commis sans mauvaises intentions et apparemment anodins –, peuvent, lorsque cumulés, avoir de réelles conséquences sur l’estime de soi, explique-t-elle. Pour Felicia Dutray, «le message clé de la table ronde sera qu’il est important de montrer aux personnes racisées que l’on peut parler de ces choses-là, qu’il ne faut pas participer à une certaine omerta à ce sujet».

Spectacles et films au programme

En plus de ces tables-rondes, une discussion autour de l’accès aux soins de la population rom aura lieu, ainsi que plusieurs autres événements, tels que des ateliers participatifs, un spectacle d’improvisation ou un visionnage de film. De nombreuses communes vaudoises ont également leur propre programme d’activités et événements autour de la SACR.

Semaine d’actions contre le racisme 2024, du 18 au 24 mars à Lausanne. Et dans le canton de Vaud.

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